Design interview avec Guillaume Néron Bancel
Il y a quelques temps j’écrivais “Faut-il un bon client pour faire un bon design” un article sur mon blog qui relatait de la relation complice entre client et designer. Dans cet article, que je vous invite à relire, (3 min de lecture) je tentais de disséquer l’une des clés de réussite d’un bon projet de design à savoir : la qualité de son commanditaire.
Article “Faut-il un bon client pour faire un bon design”
À l’issue de ce billet, j’ouvrais sur de futurs interviews de clients avec lesquels j’entretiens une relation, parfois aux longs cours, souvent très amicale, et surtout assurément de confiance et de respect mutuel.
Aujourd’hui j’invite :
GUILLAUME NÉRON BANCEL
Directeur de la communication et de l’attractivité du Conseil départemental de la Mayenne
Guillaume a en charge l’ensemble de la communication du département de la Mayenne. Il a été recruté pour dynamiser l’attractivité du territoire. Il a entre autre porté le projet de la création de la marque de territoire MAYENNE.
Guillaume, pouvez-vous nous dire pour vous ce qu’est le design ?
Pour moi le design n'est pas un choix mais une nécessité inhérente à la stratégie et à toute réflexion sur la marque. Bien au-delà d'un logo ou d'une identité visuelle, le design est au service d'une vision, de l'engagement et du temps long. Le design est à mi-chemin entre la stratégie et la communication. À ce titre le design n'est pas un consensus mais une conviction que l'on partage. Lorsque nous avons travaillé sur la création de la marque Mayenne nous avons pris en compte toutes les parties prenantes du territoire pour comprendre, analyser, synthétiser son ADN, sa raison d'être, sa vision, sa contribution.
Pouvez-vous nous en dire plus sur le rôle du design dans vos activités ?
La plateforme de marque est le guide de notre stratégie, et nous y revenons à chaque fois pour nous assurer que la marque ne se perd pas et Julian est notre gardien du temple. Comment être partout sans se diluer. D'un point de vue graphique en créant des codes forts qui permettent à la marque d'être reconnue partout. Le M du logo bien sûr mais aussi le territoire de marque qui vient l'enrichir. D'un point de vue stratégique en dotant la marque d'une grande idée qui sera le fil rouge de toutes nos prises de parole. M comme Mayenne, voilà notre grande idée, M comme un emblème pour reprendre les mots bien connu. Parce-que la Mayenne on l'aime pour ce qu'elle est, on l'aime pour sa simplicité, sa force entrepreneuriale, on l'aime surtout pour ceux et celles qui la font vivre. Enfin d'un point de vue culturel, en sortant des querelles de chapelle pour écrire une vraie histoire collective et une conscience de marque, le vrai bien commun de notre territoire. Bref notre patrimoine !
Que pensez-vous des tendances dans le design ? On parle de friendly, de “kawaïsation” des marques et des communications ? Quelle est votre position ?
Le design n'est pas une question de mode. Il faut accepter le temps long ! Nous ne faisons pas de la publicité. Nous ne répondons pas à une opportunité de marché. Nous ne sommes pas là pour faire des coups. Notre ambition est d'installer la marque dans le temps, pour qu'elle soit utile à la Mayenne, à ses habitants et à ses entreprises. Nous allons continuer de développer des projets. La Mayenne a encore à révéler, réécrire sa grande histoire, celle que nous laisserons dans les livres. Notre ambition est là, au service du territoire, dans le temps. Elle dépasse l'idée d'une marque éphémère sans ambition autre que celle de compter le nombre de vues.
On entend souvent parler dans les réseaux d’un côté des clients bourreaux mais aussi des designers “divas” qui n’en font qu’à leurs têtes… Comment choisissez-vous les designers avec lesquels vous collaborez ?
Le design n'est rien sans le designer. Son geste traduit sa pensée et sa compréhension de nos enjeux. Julian, à ce titre est pour moi l'un des meilleurs designers de la place. Non pas qu'il ait la meilleure technique, mais il a cette faculté incroyable de saisir nos enjeux, de leur donner du sens, de la profondeur. Il vit notre territoire aussi intensément que nous mais avec le recul que nous n'avons plus forcément. Là encore c'est une confiance construite au fil du temps, petit à petit, projet par projet. Enfin et ce n'est pas la moindre des qualités de Julian c'est un travail de l'ombre, d'écoute attentive et de grande humilité. Un designer arrogant qui voudrait imposer ses idées aussi brillantes soient-elle ne parviendrait pas à créer la bonne alchimie pour s'assurer qu'en dépit des turnover d'équipe les idées restent ! Le designer n'a pas statut d'artiste !
Pour aller plus loin :
La marque mayenne :
le cas d’étude de la création de marque
la refonte de l’identité du Conseil Départemental de la Mayenne :
le cas d’étude de la refonte
Un grand merci à Guillaume pour avoir pris le temps de répondre à ces questions qui j’espère sauront motiver les jeunes générations à s’engager dans une relation-client qualifiée et vertueuse et aux clients à considérer le design comme valeur de transformation dans la stratégie de l’entreprise.