Il était une fois une fondation…

Cette année encore je poursuis avec grand plaisir ma passion de l’enseignement avec un workshop à l’école ETIC programmé pour cet hiver en Bachelor 3e année. L’occasion pour moi de revenir en détail sur celui de cette année et de vous partager le contenu du module et quelques belles réalisations !

Co-pilotage

Comme tous les ans je co-pilote le workshop avec mon confrère et ami Fred Chailleux, pour croiser nos expertises et méthodes pédagogiques et permettre aux étudiants d’apprendre plus intensément durant ces quelques semaines. Notre complémentarité est aussi un modèle que nous souhaitons inspirant pour des jeunes qui doivent collaborer en en équipe sur ce sujet. Il s’agit, au delà des affinités classiques de trouver des complémentarités et d’aller chercher chez l’autre, un talent qui nous échappe ou nous séduit.

Une fondation pour un artiste

Les groupes de 2 ou 3 étudiants se forment puis ils tirent au sort, à tour de rôle un artiste parmi Pierre Soulages, David Hockney, Yves Klein, Joan Miró, Niki De Saint-Phalle, Sarah Moon, Jesús-Raphaël Soto, Xavier Veilhan et Salvador Dali. Il s’agit ensuite pour les étudiants de s’approprier l’œuvre de l’artiste et de se familiariser avec sa biographie.

Un projet en 3 étapes

1. Concevoir l’identité graphique du lieu

Dans cette étape, il s’agit de définir un langage visuel porté par la créativité : formes, gestes, papiers découpés, traces de peintures, dessin vectoriel, typographique… Le travail créatif doit s’inspirer de l’artiste sans dégrader l’œuvre en plagiant le style du maître. En héritage, les apprentis-designers développent un signe, un logo, des écritures graphiques, des typographies, des palettes de couleurs, bref un langage visuel complet et cohérent.

2. Projeter un lieu et sa signalétique

Ces étudiants suivent un cursus de design graphique et ont peu de connaissances en espace. Pourtant ici, ils doivent tant que possible se projeter sur la définition d’un lieu. Un château à la campagne, une friche industrielle ou un geste architectural. Libre à eux d’exprimer leurs intentions selon leurs intuitions. Par la suite, ils définissent les typologies d’espaces extérieurs et intérieurs : le jardin, l’accueil, la cage d’escalier, la boutique et développent leur démarche de design. Outre les déclinaisons habituelles, une figure de style est imposée : un portrait remarquable !

3. Travailler une présentation orale

L’importance du Pitch n’est plus à démontrer et c’est pourquoi nous consacrons une partie importante du module à la préparation de l’oral. Nous insistons auprès des étudiants pour qu’ils écrivent et scénarisent leurs présentations avec des temps forts. C’est aussi une étape où il faut apprendre à épurer. Supprimer tous les petits détails et légendes qui sont inutiles à l’oral et perturbants. Donner du rythme, prévoir des points de contacts avec l’audience, travailler sa respiration, et écrire son entrée et sa sortie sont des éléments qu’il faut d’appréhender avec attention.

Les travaux des étudiants

Fondation Yves Klein.

Amandine et Quentin ont retenu les anthropométries de l’œuvre de Klein et on travaillé un signe en transfert. Après avoir réalisé des dizaines de tests ils retiennent 3 étapes d’impression différentes et les incrustent dans des cercles numériques pour produire un signe qui définira toute l’identité. Parfois logotype ou motif, il s’exprima également dans l’espace et deviendra un moucharabieh pour construire du mobilier directionnel ou un portrait du maître.

Ceci est remarquable dans leur projet c’est la faculté de ce saisir de l’œuvre et de l’emmener dans une autre dimension avec ce langage de points. C’est brillant et cela respecte l’œuvre de l’artiste sans trop interférer avec les tableaux.


 

Fondation Joan Miró.

Camille et Manon ont inventé un nouveau langage en interprétant le répertoire formel de l’artiste mais qui le transpose avec rigueur et minimalisme. Le nouveau champ iconographique devient une partition pour composer le logotype mais définit aussi une grille de composition géométrique pour construire les supports de communication ou les murs des espaces d’exposition. C’est un système intelligent et cela offre des affiches uniques et tout de suite reconnaissables ! Bravo !


 

Fondation Jesús-Raphaël Soto.

Victor et Thibault se sont passionnés pour l’œuvre de Soto et la cinétique de ses installation. Ils ont ainsi dessiné un lettrage “SOTO” avec un jeu visuel linéaire puisé dans les “pénétrables” de l’artiste. L’œil se faufile alors à l’intérieur de ces lames verticales noires et la perspective apparait. C’est toute l’identité qui se révèle dans ce jeu de formes et contre-formes noires, qui sont parfois motif, parfois bloc-image. Un gros travail de recherche sur le lieu et le mobilier de signalétique prouve la puissance de leur idée.

“En construisant avec du sens on donne à l’identité une richesse infinie pour produire tout le territoire de marque, peu importe les supports et pendant de longues années.”


 

Fondation David Hockney.

Sarah et Laurine ont flashé pour la tonalité de la palette de David Hockney. Après avoir précisé une gamme chromatique sous forme de carrés découpés, elles ont travaillé un système de cadrages de ces échantillons de couleurs pour faire apparaitre les lettrages F, D et H (pour Fondation David Hockney). S’en suit un déploiement de ces modules colorés sur l’ensemble du territoire, offrant des surprises intéressantes comme des anamorphoses dans les couloirs, des projections au sol ou le portrait de l’artiste. Ce portrait est composé de petit modules colorés qui tournent sur eux-mêmes pour construire et dé-constuire le visage d’Hockney.


 

Fondation Niki De Saint-Phalle.

Justine et Laureene ont travaillé la déformation et l’opulence des formes proposées dans l’œuvre de Niki De Saint-Phalle. Elles débute par projeter le prénom NIKI et capturent un lettrage déformé par le support sur lequel il est projeté. les lettres prennent vie et le signe pour le logotype se dessine. Le prénom suffira à incarner l’artiste et contourne habilement la longueur du nom de famille. Ansi les lettres deviennent des formes vivantes qui évoluent au sein du parcours du visiteur.


 

Fondation Salvador Dalí.

Maniolita et Lucie se sont arrêtées sur les pendules de Dalí et ont tenté de retranscrire le concept de la déformation. Elle ont travaillé un signe en coulure. Le D de Dalí devient alors la métaphore visuelle de cette œuvre emblématique. Le signe sera utilisé à différentes échelles pour devenir un repère de composition et concevoir ainsi les supports d’édition, les panneaux de signalétique et guider le public à travers des repères forts. Le travail sur le catalogue d’exposition ou sur les affiches est particulièrement remarquable.


 

Fondation Pierre Soulages

Soline et Zeynep ont fait un gros travail de recherche pour capter une particularité dans l'œuvre de Soulages sans pour autant se suffire de procéder à des appâts noirs trop évidents. Leur axe de travail pour le logotype est la découpe. Elle construisent alors une marque qui reprend les accidents présents dans son travail. Plus tard, elles conserveront ces lignes qu’elles transposeront en fractales très colorées qui permettront de concevoir un répertoire visuel nouveau et inattendu et doter la fondation d’une identité radicalement moderne. On suit les lignes colorées dans la signalétique et le supports de communication. Gros coup de cœur pour avoir construit un portrait extrêmement original à l’aide de ses lignes ! C’est audacieux et c’est tout ce que l’on attend d’un designer à notre époque.


 

Fondation Sarah Moon

Caroline, Alan et Valentin ont exploré la thématique du souvenir et de la dégradation en modifiant une caractère typographique géométrique. Leur travail, minimaliste, en retenue, s’articule autour de se caractère et par un système de lignes orthogonales héritées de la grille des planches contacts. Un système qui n’est pas rappeler le principe des cimaises dans les expositions photo. Des idées telles que les lettres en volume remplies de sable noir sont assez originales et bien vues !


 

Fondation Xavier Veilhan

Théo à travaillé seul autour de l’œuvre du sculpteur-architecte. Il retient une système de polygones et conçoit une grille qu’il lui permettra d’explorer son territoire de marque.


L’oral dans l’amphi

Le workshop se clôture par un grand oral dans l’amphithéâtre de l’école. C’est un moment particulièrement important dans le module. Les étudiants ont travaillé durant de nombreuses semaines et ont épuré leurs présentations en vue de ces quelques 40 minutes d’échange. Les premières 20 minutes pour présenter puis le reste du temps pour échanger avec le jury, composé d’enseignants, de la directrice et de nous-même.

C’est l’occasion pour eux de réaliser ce que l’on a répété mais aussi de nous surprendre avec des choses inédites. Certains n’hésites pas à nous poser des questions, nous faire des blagues, nous toucher avec des moments forts en émotions, bref réaliser un lien entre le public/le jury et la scène.

Ils présentent aussi des objets imprimés, recherches, affiches, flyer, et pour les plus hardis des animations graphiques dans leurs présentations.

Bravo à tous !

Et merci à tous les étudiants pour leur écoute, leur travail et surtout d’avoir accepté de se remettre en question pour pouvoir avancer et évoluer. C’est toujours magique quand on a l’impression de sortir grandit d’un workshop (pour l’enseignant aussi !)

Merci à Cathy Beauvallet pour sa confiance renouvelée dans l’animation de ce cours sur l’identité visuelle et plus largement le design global.

Et merci à mon sparing-partner avec qui je prend toujours autant de plaisir à construire tous les ans des cours inédits. Merci mon Fred. Ensemble on va vraiiiiiiiiiiiiiment plus loin.

la classe de Bachelor 3e année

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