les logos en contre-forme
Cette semaine c’est la sortie de la nouvelle série ANDOR sur Disney+ !
Si il n’est pas ici question de s’étendre sur l’univers étendu de Starwars, c’est l’occasion de parler des marques qui arborent le jeu visuel de la forme/contre-forme.
Cet effet visuel consiste à construire dans le vide ! C’est à dire faire apparaitre une forme dans la contre-forme voisine.
Voici quelques exemples très connus de marques qui ont tiré leur réputation de ce jeu visuel.
Le logo de Carrefour est sans doute le plus réussi car nombreux sont les témoignages des personnes qui ne voient toujours pas le C en découpe dans le signe. Plus nombreux encore sont ceux qui témoignent avoir mis des années à réussir à le percevoir !
C’est comme pour l’exemple de FedEx, qui est un cas d’étude dans les école de design ! La juxtaposition simple et évidente du « Ex » qui dessine en creux une flèche qui va vers l’avant, symbole de leur activité première : la livraison !
Pour le logo des 24H du Mans on ne peut que féliciter le jeu d’incrustation également.
Le 4 épouse naturellement la courbe du 2
La verticale du 4 s’aligne avec le h
La seule aspérité est la découpe du bout du 4 au sein du h, mais sans laquelle la forme serait plus complexe à lire et qui ne trahit pas, bien au contraire, le dessin typographique naturel du chiffre 4.
ANDOR c’est le déséquilibre…
dans la force
dans l’interlettrage !
L’interlettrage des lettres.
Pour réaliser ce dessin en contreforme il faut coller le D et le R autour de la lettre O. Ce qui a pour résultat de donner l’impression d’un déséquilibre visuel entre le groupe de lettres AND et DOR. Ceci n’est pas très orthodoxe et produit un logo déséquilibré et donc avec des erreurs de construction.
Un D qui se prend pour un Q.
La lettre O se dessine en creux. Ce n’est pas réellement le dessin des lettres voisines qui construisent cette contre-forme mais l’ajout d’un empattement en bas à gauche. Celui-ci n’a rien à voir avec le dessin du D et lui octroie une petite queue qui lui donne des airs de lettre Q peu élégant.
Dans l’exemple de carrefour, il s’agit simplement d’un C découpé dans un carré à 45°. Rien de plus. Dans le cAs de FedEx, le subtil rapprochement des lettres créé le signe. Rien de plus.
Un R décoiffé.
La lettre R se voit attribuée d’une coiffe, d’un épi, qui n’a rien à voir avec le dessin naturel du caractère typographique. Ici c’est moi grave que pour le D, car la lettre reste très lisible et ne procure pas de gène particulière.
Erreur de déchiffrage
Si l’exemple de carrefour nous montre que la surprise visuelle est une force, ici la lecture butte sur le O. Par une lecture rapide on lira ANDIR ou ANOIR ou encore ANQIR. Ce qui n’est pas très positif. Je préfère un signe abstrait et énigmatique qui devient un jour lisible, qu’une lettre d’un mot qui provoque une erreur de déchiffrage. Le logotype reproduit sur les affiches ci-dessus en rouge ou en blanc se fait difficile à déchiffrer.
Pour aller plus loin…
J’ai réalisé quelques tests d’équilibrage.
Correction des approches
On rééquilibre le logotype en réalisant une correction sur les approches entre les lettres. Ce travail met en lumière des problématiques de dessin, comme par exemple avec le N qui une fois collé au D doit à son tour disparaitre dans la contre-forme.
Jeux de contre-formes
L’équilibrage de l’interlettrage a pour incidence le changement de dessin des lettres N et A.
Dessin final
Dans le dessin final, je dispose le A du dessin original et je trouve une approche cohérente avec le N.
Mais, mais, mais…
Mais voilà, toutes les corrections de dessin possibles, ne corrigeront pas ce problème de lecture. Il faut admettre que cette idée de contre-forme appliquée sur le O est une mauvaise idée. Ce dessin complexe ne propose pas non plus une métaphore visuelle qui ferai apparaitre une nouvelle forme ou une nouvelle idée.
En cherchant sur le net on découvre d’ailleurs un titre alternatif qui montre bien que la production a dût hésiter sur ce design.
Chacun pourra donner son avis entre les 2 logotypes, mais ce qui est certain c’est que celui qui présente le signe de la rébellion est très lisible et apporte avec le signe des Rebels un sens supplémentaire. Les fans comprendront instantanément qu’Andor, c’est d’abord le berceau de la rébellion contre l’empire !
Au delà de toutes les formes et règles typographiques, le rôle d’un logo c’est d’être vecteur de sens et d’émotion !
Les approches :
une maladie qui a plus de 40 ans !
J’ai toujours été un grand fan de StarWars, pourtant, je crois qu’aucun logo célèbre ne me choque autant que celui de la Guerre des étoiles !
En regardant les S qui s’effilent, on comprend que l’on est face à un dessin original. Cependant les oppositions entre les inclinaisons des A et la verticalité des fûts des R ou du T créent des trous noirs béant, dans lesquels nos yeux s’engouffrent.
Regardez le groupe ST puis le groupe TA, vous serrez surpris par la différence d’espaces entre ces lettres.
Je vous propose dans l’image ci-dessous une comparaison entre le logo initial et une version que j’ai rapidement retravaillée pour mettre en valeur ces erreurs de conception.
Le résultat permettra aux néophytes de mieux comprendre l’importance des interlettrages, de l’approche, pour que la marque se tienne et soit solide.
Quelques astuces !
Si vous devez réaliser à votre tour un logotype avec des contre-formes quelques conseils :
Un dessin de lettres verticales
Essayez de favoriser un caractère qui dispose de lettres basées sur des constructions verticales.
Un caractère monospace
Essayez de choisir un caractère qui dispose de lettres qui ont toutes la même largeur. Cela permettra de dessiner des ensembles modulaires plus simplement.
Un sens supplémentaire
Tenter toujours d’ajouter une sens caché dans votre dessin. Cherchez entre les lettres, l’espace idéal pour dessiner une signe supplémentaire. Dans la marque Mayenne, j’ai dessiné une petit drapeau symbole d’attractivité, de fierté d’appartenance…